Carnivores sauvages de France - La Fouine (Martes foina).
La fouine est curieuse de tout, c'est là son plus vilain défaut, et c'est ce qui la rend d'autant plus attachante. En effet, bien qu'on ne s'en préoccupe guère, cet animal est un habitué de nos granges, greniers et remises, faisant ripaille de tous rongeurs et autres œufs d'oiseaux. La fouine est ainsi faite : elle adore vivre dans l'entourage de l'homme.
Il ne faut pas s'y tromper, ce n'est pas tant notre compagnie qui l'intéresse, mais bien les ressources alimentaires et l'abri que peuvent lui fournir les constructions humaines.
C'est un animal délicat qui déteste la canicule, le gel, les inondations et la pluie. Pas question, comme sa cousine la martre, de vivre à la dure en pleine forêt. C'est beaucoup plus pratique d'élire domicile dans les confortables bâtiments agricoles souvent pleins de cachettes et de recoins. Elle y apprécie alors le confort tiède et la douceur des lieux, et peut s'y prélasser à loisir dans le foin, d'autant que ces endroits sont infestés de rongeurs attirés par les débris végétaux et les graines, qui sont sa source de nourriture principale.
Le problème - et ce n'est pas faute d'avoir essayé de trouver des circonstances atténuantes au coupable - est que la fouine a justement tendance à aller au plus direct. Il s'agit bien sûr du poulailler. Il faut donc l'avouer sans détours : la fouine y fait de temps en temps de petites visites, dans le meilleur des cas pour y gober les œufs, mais parfois pour y faire de véritables carnages !
Ainsi, il arrive que le pauvre propriétaire dudit poulailler découvre au petit matin bon nombre de ses volailles refroidies. En général, aucune ne survit.
On a alors vite fait de qualifier la fouine de monstre sanguinaire, et c'est d'ailleurs ce comportement qui, probablement, est responsable de la mauvaise réputation des mustélidés dans son ensemble, même ceux qui sont beaucoup trop petits pour effectuer de pareils ravages, comme la belette ou l'hermine, mais aussi comme la martre, sa proche cousine qui pourtant ne quitte jamais les sombres profondeurs de la sylve.
Effectivement, la fouine est coupable de ravages dans les poulaillers. Mais, ainsi que l'ont montré les études comportementales, la frénésie de meurtre dont elle fait preuve en présence de volailles caquetantes n'est que la réaction instinctive à une agression, l'animal ne supportant pas l'agitation et le bruit causés par sa venue. De fait, il égorge tout ce qui bouge jusqu'à ce que revienne le calme. C'est embêtant pour les poules…
Cela dit, n'oublions pas que, comme tous ses cousins mustélidés, la fouine se nourrit en grande majorité de rongeurs, régulant ainsi les populations de rats et de souris qui, sans elle, seraient extrêmement nombreux dans les bâtiments agricoles, les granges et les hangars, et deviendraient un véritable fléau.
Dans le détail Sa longueur va de 40 à 54 cm et sa masse se situe entre 1,1 et 2,3 kg, à peu près comme la martre. La fouine a une espérance de vie de trois ans, l'âge maximal en liberté étant de dix ans. Élevée par des hommes, elle peut toutefois atteindre l'âge de dix-huit ans. La fouine (Martes foina) est très proche de la martre commune (Martes martes), à tel point qu'il est difficile de les différencier lors d'une simple observation. Pourtant, il ne s'agit pas de la même espèce, puisqu'elles ne sont pas interfécondes.
Pour les reconnaître, il faut observer la forme du jabot blanc présent sur le poitrail : chez la martre, celui ci est en général plutôt jaunâtre, et non blanc comme chez la fouine (mais ce n'est pas aussi facile : le plastron de la fouine est le plus souvent assez sale, et dans ces conditions le blanc de son jabot devient jaunâtre.)
Mais chez la fouine, ce jabot est divisé en deux pointes, alors que la martre a un jabot pointu, comme un fanion de scout.
Habitat La fouine se trouve dans toute l'Eurasie. Elle occupe des milieux très variés, spécialement à la campagne (bois et vergers) mais, bien entendu aussi à proximité des habitations et jusque dans les villes. N'importe quel bâtiment suffisamment calme et riche en nourriture (rongeurs et autres) lui convient. Il est assez aisé de la surprendre lorsqu'elle a élu domicile dans une habitation; son activité nocturne est plutôt bruyante et on peut ainsi l'observer facilement en se mettant à l'affût.
Comportement La fouine est un animal solitaire. Elle évite ses congénères en dehors des périodes de reproduction. Elle marque son territoire avec des sécrétions odorantes et n'hésite pas à se battre avec d'autre fouines pour conserver son pré carré. Elle peut occuper une surface de 12 à 210 ha, cette surface variant en fonction du sexe, car les mâles occupent plus de place que les femelles. Le territoire se réduit aussi à la saison froide. La fouine vit essentiellement la nuit. C'est un prédateur à tendance opportuniste, carnivore essentiellement, mais qui peut se nourrir, selon les saisons, de petits mammifères (rats et souris), de fruits, d'œufs, de petits oiseaux ou de déchets trouvés près des habitations. Les produits végétaux (fruits et baies) constituent une part importante de son alimentation. On peut dire qu'elle est facétieuse car elle aime s'attaquer aux circuits électriques des maisons et des voitures, ainsi qu'à l'isolation (polystyrène et laine de verre). Cela n'arrange pas sa réputation de «puant» et son classement dans les animaux «nuisibles», malgré les services qu'elle rend par ailleurs en régulant les populations de rongeurs. Elle était pourtant, à l’époque de la Rome antique, élevée pour capturer les souris et dératiser les habitations. Mais il est vrai qu'à cette époque le chat n'était pas là.
Comme on peut le voir sur cette photo, la fouine a un jabot bien blanc divisé en deux pointes se prolongeant sur les pattes avant (au contraire, la martre a un jabot pointu, comme un fanion de scout - in «La Hulotte» n°44-1979)
En bref...
• La fouine fait partie de la famille des mustélidés, au même titre que la belette, le blaireau ou le putois, petits mammifères carnivores courts sur pattes et au corps souple et fin.
• Son odeur est forte, mais sans atteindre la puanteur de la Moufette rayée (Mephitis mephitis) bien connue des amateurs de dessins animés.
• La femelle met bas une fois par an, en avril, bien que l'accouplement ait eu lieu durant l'été précédent (juin à août). Cette période de huit mois est due à la dormance, c'est-à-dire la période pendant laquelle la femelle garde les œufs fécondés dans son utérus sans que ne débute réellement la grossesse. La gestation proprement dite dure un mois.
• La portée de la fouine compte de deux à cinq petits qui naissent aveugles et nus. Ils ouvrent les yeux après un mois, sont sevrés après deux mois et sont indépendants à l'automne.
• La maturité sexuelle est atteinte entre 15 et 27 mois.
Voir aussi : La belette est un autre carnivore sauvage de France, qui ressemble à une sorte de fouine miniature
Photos
1 - Bohuš Číčel CC-BY-SA
2 - M. Zlinko CC-BY-SA
3 - Stanislaw Szydlo CC-BY-SA
4 - GG. Any CC-BY-SA
Bibliographie :
Guide des mammifères d'Europe, Schilling - Singer - Diller, Ed Delachaux & Niestlé
La Hulotte n° 44 - Dossier secret des animaux malfaisants et nuisibles - Pierre Déom, 1979
Il ne faut pas s'y tromper, ce n'est pas tant notre compagnie qui l'intéresse, mais bien les ressources alimentaires et l'abri que peuvent lui fournir les constructions humaines.
C'est un animal délicat qui déteste la canicule, le gel, les inondations et la pluie. Pas question, comme sa cousine la martre, de vivre à la dure en pleine forêt. C'est beaucoup plus pratique d'élire domicile dans les confortables bâtiments agricoles souvent pleins de cachettes et de recoins. Elle y apprécie alors le confort tiède et la douceur des lieux, et peut s'y prélasser à loisir dans le foin, d'autant que ces endroits sont infestés de rongeurs attirés par les débris végétaux et les graines, qui sont sa source de nourriture principale.
Le problème - et ce n'est pas faute d'avoir essayé de trouver des circonstances atténuantes au coupable - est que la fouine a justement tendance à aller au plus direct. Il s'agit bien sûr du poulailler. Il faut donc l'avouer sans détours : la fouine y fait de temps en temps de petites visites, dans le meilleur des cas pour y gober les œufs, mais parfois pour y faire de véritables carnages !
Ainsi, il arrive que le pauvre propriétaire dudit poulailler découvre au petit matin bon nombre de ses volailles refroidies. En général, aucune ne survit.
On a alors vite fait de qualifier la fouine de monstre sanguinaire, et c'est d'ailleurs ce comportement qui, probablement, est responsable de la mauvaise réputation des mustélidés dans son ensemble, même ceux qui sont beaucoup trop petits pour effectuer de pareils ravages, comme la belette ou l'hermine, mais aussi comme la martre, sa proche cousine qui pourtant ne quitte jamais les sombres profondeurs de la sylve.
Effectivement, la fouine est coupable de ravages dans les poulaillers. Mais, ainsi que l'ont montré les études comportementales, la frénésie de meurtre dont elle fait preuve en présence de volailles caquetantes n'est que la réaction instinctive à une agression, l'animal ne supportant pas l'agitation et le bruit causés par sa venue. De fait, il égorge tout ce qui bouge jusqu'à ce que revienne le calme. C'est embêtant pour les poules…
Cela dit, n'oublions pas que, comme tous ses cousins mustélidés, la fouine se nourrit en grande majorité de rongeurs, régulant ainsi les populations de rats et de souris qui, sans elle, seraient extrêmement nombreux dans les bâtiments agricoles, les granges et les hangars, et deviendraient un véritable fléau.
Dans le détail Sa longueur va de 40 à 54 cm et sa masse se situe entre 1,1 et 2,3 kg, à peu près comme la martre. La fouine a une espérance de vie de trois ans, l'âge maximal en liberté étant de dix ans. Élevée par des hommes, elle peut toutefois atteindre l'âge de dix-huit ans. La fouine (Martes foina) est très proche de la martre commune (Martes martes), à tel point qu'il est difficile de les différencier lors d'une simple observation. Pourtant, il ne s'agit pas de la même espèce, puisqu'elles ne sont pas interfécondes.
Pour les reconnaître, il faut observer la forme du jabot blanc présent sur le poitrail : chez la martre, celui ci est en général plutôt jaunâtre, et non blanc comme chez la fouine (mais ce n'est pas aussi facile : le plastron de la fouine est le plus souvent assez sale, et dans ces conditions le blanc de son jabot devient jaunâtre.)
Mais chez la fouine, ce jabot est divisé en deux pointes, alors que la martre a un jabot pointu, comme un fanion de scout.
Habitat La fouine se trouve dans toute l'Eurasie. Elle occupe des milieux très variés, spécialement à la campagne (bois et vergers) mais, bien entendu aussi à proximité des habitations et jusque dans les villes. N'importe quel bâtiment suffisamment calme et riche en nourriture (rongeurs et autres) lui convient. Il est assez aisé de la surprendre lorsqu'elle a élu domicile dans une habitation; son activité nocturne est plutôt bruyante et on peut ainsi l'observer facilement en se mettant à l'affût.
Comportement La fouine est un animal solitaire. Elle évite ses congénères en dehors des périodes de reproduction. Elle marque son territoire avec des sécrétions odorantes et n'hésite pas à se battre avec d'autre fouines pour conserver son pré carré. Elle peut occuper une surface de 12 à 210 ha, cette surface variant en fonction du sexe, car les mâles occupent plus de place que les femelles. Le territoire se réduit aussi à la saison froide. La fouine vit essentiellement la nuit. C'est un prédateur à tendance opportuniste, carnivore essentiellement, mais qui peut se nourrir, selon les saisons, de petits mammifères (rats et souris), de fruits, d'œufs, de petits oiseaux ou de déchets trouvés près des habitations. Les produits végétaux (fruits et baies) constituent une part importante de son alimentation. On peut dire qu'elle est facétieuse car elle aime s'attaquer aux circuits électriques des maisons et des voitures, ainsi qu'à l'isolation (polystyrène et laine de verre). Cela n'arrange pas sa réputation de «puant» et son classement dans les animaux «nuisibles», malgré les services qu'elle rend par ailleurs en régulant les populations de rongeurs. Elle était pourtant, à l’époque de la Rome antique, élevée pour capturer les souris et dératiser les habitations. Mais il est vrai qu'à cette époque le chat n'était pas là.
Comme on peut le voir sur cette photo, la fouine a un jabot bien blanc divisé en deux pointes se prolongeant sur les pattes avant (au contraire, la martre a un jabot pointu, comme un fanion de scout - in «La Hulotte» n°44-1979)
En bref...
• La fouine fait partie de la famille des mustélidés, au même titre que la belette, le blaireau ou le putois, petits mammifères carnivores courts sur pattes et au corps souple et fin.
• Son odeur est forte, mais sans atteindre la puanteur de la Moufette rayée (Mephitis mephitis) bien connue des amateurs de dessins animés.
• La femelle met bas une fois par an, en avril, bien que l'accouplement ait eu lieu durant l'été précédent (juin à août). Cette période de huit mois est due à la dormance, c'est-à-dire la période pendant laquelle la femelle garde les œufs fécondés dans son utérus sans que ne débute réellement la grossesse. La gestation proprement dite dure un mois.
• La portée de la fouine compte de deux à cinq petits qui naissent aveugles et nus. Ils ouvrent les yeux après un mois, sont sevrés après deux mois et sont indépendants à l'automne.
• La maturité sexuelle est atteinte entre 15 et 27 mois.
Voir aussi : La belette est un autre carnivore sauvage de France, qui ressemble à une sorte de fouine miniature
Photos
1 - Bohuš Číčel CC-BY-SA
2 - M. Zlinko CC-BY-SA
3 - Stanislaw Szydlo CC-BY-SA
4 - GG. Any CC-BY-SA
Bibliographie :
Guide des mammifères d'Europe, Schilling - Singer - Diller, Ed Delachaux & Niestlé
La Hulotte n° 44 - Dossier secret des animaux malfaisants et nuisibles - Pierre Déom, 1979