Comment les coléoptères comme les carabes résistent aux grands froids ?
L'hiver venu, les carabes aux couleurs chatoyantes se réfugient sous les pierres ou sous les écorces... Mais comment passent-ils l'hiver et résistent-ils au gel ?
Dans l'ordre des coléoptères, les carabidae constituent l'une des plus grandes familles. Ces prédateurs sont présents sur toute la surface du globe, y compris dans les régions arctiques. Comme tous les autres insectes, les carabes sont des animaux à sang froid. Leur corps adopte donc la température de l'air ambiant. Si cette dernière descend par exemple à moins dix degrés centigrades, le corps du carabe se refroidira d'autant. Dans ces conditions, la plupart des animaux ne pourraient survivre, car leurs liquides vitaux gèleraient. Mais pas les carabes, qui, au fil du temps, ont adapté à la fois leurs organismes et leurs mœurs afin de se jouer des grands froids hivernaux.
Les représentants de ces insectes qui vivent en haute montagne, ou dans les régions arctiques, produisent du glycérol, un type d'alcool qui joue le rôle d'antigel, proche de certains des produits utilisés par exemple dans les circuits de refroidissement des automobiles. Ce glycérol abaisse le point de congélation du sang du carabe, empêchant ainsi la formation de cristaux de glace qui provoqueraient la destruction des cellules.
La résistance au froid s'accroît proportionnellement à mesure que la saison avance, les jours se faisant de plus en plus courts et froids. Ainsi, l'insecte réduit petit à petit son volume d'eau et synthétise en plus grande quantité ces substances antigel.
Le carabe, qui se nourrit habituellement de mollusques et de vers, est capable d'adapter son menu aux conditions météorologiques. Les escargots étant depuis longtemps rentrés dans leur coquille par moins 20°C, l'insecte satisfait alors ses besoins nutritifs en consommant du bois en décomposition. Par ailleurs, il se protège des écarts brutaux de température en s'enfouissant sous la mousse, dans la terre, ou en se construisant une «loge» sous une écorce, à l'aide, là aussi, de bois décomposé.
Celle-ci ressemble souvent à un minuscule nid d'oiseau construit avec des fibres végétales. Il n'est pas rare, au cœur de l'hiver, de découvrir de vastes loges sous les écorces, dans lesquelles plusieurs carabes ont élu domicile, parfois d'espèces différentes. Ces insectes supportent en effet plutôt bien la promiscuité.
Par contre, il est extrêmement rare de découvrir au printemps des loges occupées par des carabes morts. Cette observation peut avoir deux explications, qui ne s'excluent pas mutuellement : soit les carabes sont physiologiquement plutôt résistants, comme cela a été écrit plus haut, soit ils possèdent un instinct très sûr pour choisir les endroits les moins exposés aux écarts brutaux de température, qui garderont donc une certaine douceur, même en cas de coup de froid brutal.
Sur cette photo, on reconnaît six Carabus auronitens et un Carabus intricatus réfugiés sous une écorce de châtaignier, dans une assez vaste loge aménagée cette fois dans le terreau meuble et humide. (Carabus intricatus est une très grande espèce entièrement noire aux élytres bordés de bleu vif ornés de points au relief prononcé.)
Lors de cette observation, la température approchait 0°C, mais ces insectes bien qu'un peu engourdis n'en étaient pas plus affectés. Ils n'ont pas tardé à se sauver vers le sol et à y chercher refuge sous la mousse.
C'est au fond d'une profonde vallée du Sud-Ouest du Massif central, au début du mois de janvier, que la prospection sous des écorces révélait plusieurs gros carabes de l'espèce Chrysocarabus hispanus (qui ne se trouvent qu'en France, contrairement à ce que leur nom semble indiquer). Ce jour là je ne suis pas resté très longtemps sur place car il faisait un froid réellement «sibérien» au fond de la vallée.
C'est donc par une température de -10°C que j'ai eu la joie d'observer ces beaux carabes, nullement gelés malgré l'omniprésence de la glace, comme on peut le constater sur cette photo.
Photo 1 : on peut voir un Carabus splendens, en plein hiver par moins 5°C, dans un chablis de peuplier pourrissant sur la berge de la rivière, dans la vallée de l'Aveyron.
Photo 2 : Les frimas ne font pas peur au Carabus cancellatus, qui par moins 5°C, trouve pourtant la force de décamper prestement alors qu'il est surpris dans sa retraite hivernale, dans un tronc de chêne en décomposition en lisière d'un bois, dans le Lot.
Photos de l'auteur. Tous droits réservés.
Dans l'ordre des coléoptères, les carabidae constituent l'une des plus grandes familles. Ces prédateurs sont présents sur toute la surface du globe, y compris dans les régions arctiques. Comme tous les autres insectes, les carabes sont des animaux à sang froid. Leur corps adopte donc la température de l'air ambiant. Si cette dernière descend par exemple à moins dix degrés centigrades, le corps du carabe se refroidira d'autant. Dans ces conditions, la plupart des animaux ne pourraient survivre, car leurs liquides vitaux gèleraient. Mais pas les carabes, qui, au fil du temps, ont adapté à la fois leurs organismes et leurs mœurs afin de se jouer des grands froids hivernaux.
Les représentants de ces insectes qui vivent en haute montagne, ou dans les régions arctiques, produisent du glycérol, un type d'alcool qui joue le rôle d'antigel, proche de certains des produits utilisés par exemple dans les circuits de refroidissement des automobiles. Ce glycérol abaisse le point de congélation du sang du carabe, empêchant ainsi la formation de cristaux de glace qui provoqueraient la destruction des cellules.
La résistance au froid s'accroît proportionnellement à mesure que la saison avance, les jours se faisant de plus en plus courts et froids. Ainsi, l'insecte réduit petit à petit son volume d'eau et synthétise en plus grande quantité ces substances antigel.
Le carabe, qui se nourrit habituellement de mollusques et de vers, est capable d'adapter son menu aux conditions météorologiques. Les escargots étant depuis longtemps rentrés dans leur coquille par moins 20°C, l'insecte satisfait alors ses besoins nutritifs en consommant du bois en décomposition. Par ailleurs, il se protège des écarts brutaux de température en s'enfouissant sous la mousse, dans la terre, ou en se construisant une «loge» sous une écorce, à l'aide, là aussi, de bois décomposé.
Celle-ci ressemble souvent à un minuscule nid d'oiseau construit avec des fibres végétales. Il n'est pas rare, au cœur de l'hiver, de découvrir de vastes loges sous les écorces, dans lesquelles plusieurs carabes ont élu domicile, parfois d'espèces différentes. Ces insectes supportent en effet plutôt bien la promiscuité.
Par contre, il est extrêmement rare de découvrir au printemps des loges occupées par des carabes morts. Cette observation peut avoir deux explications, qui ne s'excluent pas mutuellement : soit les carabes sont physiologiquement plutôt résistants, comme cela a été écrit plus haut, soit ils possèdent un instinct très sûr pour choisir les endroits les moins exposés aux écarts brutaux de température, qui garderont donc une certaine douceur, même en cas de coup de froid brutal.
Sur cette photo, on reconnaît six Carabus auronitens et un Carabus intricatus réfugiés sous une écorce de châtaignier, dans une assez vaste loge aménagée cette fois dans le terreau meuble et humide. (Carabus intricatus est une très grande espèce entièrement noire aux élytres bordés de bleu vif ornés de points au relief prononcé.)
Lors de cette observation, la température approchait 0°C, mais ces insectes bien qu'un peu engourdis n'en étaient pas plus affectés. Ils n'ont pas tardé à se sauver vers le sol et à y chercher refuge sous la mousse.
C'est au fond d'une profonde vallée du Sud-Ouest du Massif central, au début du mois de janvier, que la prospection sous des écorces révélait plusieurs gros carabes de l'espèce Chrysocarabus hispanus (qui ne se trouvent qu'en France, contrairement à ce que leur nom semble indiquer). Ce jour là je ne suis pas resté très longtemps sur place car il faisait un froid réellement «sibérien» au fond de la vallée.
C'est donc par une température de -10°C que j'ai eu la joie d'observer ces beaux carabes, nullement gelés malgré l'omniprésence de la glace, comme on peut le constater sur cette photo.
Photo 1 : on peut voir un Carabus splendens, en plein hiver par moins 5°C, dans un chablis de peuplier pourrissant sur la berge de la rivière, dans la vallée de l'Aveyron.
Photo 2 : Les frimas ne font pas peur au Carabus cancellatus, qui par moins 5°C, trouve pourtant la force de décamper prestement alors qu'il est surpris dans sa retraite hivernale, dans un tronc de chêne en décomposition en lisière d'un bois, dans le Lot.
Photos de l'auteur. Tous droits réservés.
Ces autres articles peuvent aussi vous intéresser :
Biologie des Carabes de France : le Carabus, de l'œuf à l'insecte parfait Le Scarabée sacré (Scarabaeus sacer) et ses cousins bousiers Régime alimentaire des Carabes comme le Carabus auronitens ou le Carabus problematicus L'argiope frelon ou Épeire fasciée et les autres araignées à toiles géométriques Imitation et mimétisme dans le monde des insectes, première partie Imitation et mimétisme dans le monde des insectes, deuxième partie