Imitation et mimétisme dans le monde des insectes, première partie.
La technique du camouflage, ou comment éviter de servir de repas.
Cette «Livrée», un papillon de nuit de la famille des Phalènes, imite à la perfection la couleur et les dessins des feuilles mortes tombées sur une souche dans un sous bois automnalLes insectes sont sans doute les champions du mimétisme, bien qu'ils ne soient pas les seuls à mettre en œuvre ce phénomène qui se retrouve dans l'ensemble du monde animal et végétal. Nous allons voir comment les insectes rivalisent d'astuce pour éviter de se faire manger.
Tout d'abord, qu'est ce que le mimétisme ? Mis en évidence par les naturalistes au XIXe siècle, le mimétisme consiste à imiter l'apparence ou la forme d'un autre être vivant. Toute cette débauche d'efforts a bien-sûr un but. Selon la théorie de l’évolution, un caractère se maintient dans une espèce s’il procure à l’individu porteur de ce caractère un avantage sélectif, c’est à dire s’il augmente ses chances de survie et de reproduction. La question est alors assez simple : comment augmenter les chances de survie d'une espèce ?
Réponse : en évitant d'être mangé ou en mangeant l'autre.
Pour y arriver, il faut : se cacher, faire peur au prédateur ou au contraire attirer les proies.
Les différentes techniques de mimétisme utilisées par les insectes • Le camouflage C'est la technique la plus simple : l'animal cherche à imiter les formes et les couleurs du milieu environnant. Sur cette photo, on peut voir au premier regard une feuille de chêne tombée à terre. Et pourtant... C'est un papillon, nommé à juste titre «feuille morte du chêne» (Gastropacha quercifolia). L'insecte, dans ce cas, a imité minutieusement la forme, les couleurs, et jusqu'aux nervures de la feuille de chêne (ou de hêtre), afin de passer totalement inaperçu dans un sous-bois.
Le «Sylvandre» (Hyparchia fagi), est un grand papillon noir à bandes blanches sur le dessus, très commun en lisière des bois. Mais il n'est vraiment visible que lorsqu'il vole. Sur cette photo, il est aisé de reconnaître un papillon posé sur le tronc à droite.
Par contre, il faut être très attentif pour le distinguer plaqué à plat sur l'écorce à gauche. En effet, au repos, les papillons referment fréquemment leurs ailes l'une contre l'autre, et les dessins du dessous des ailes de cette espèce imitent à la perfection le décor tourmenté et les couleurs de l'écorce.
Il s'agit là du cas le plus simple de mimétisme, qui consiste à se fondre dans l'environnement jusqu'à devenir invisible, comme les militaires en tenue de camouflage. On utilise pour cela plusieurs techniques :
• L'homochromie, ou imitation de la couleur. Exemple : la sauterelle verte dans l'herbe.
• L'homomorphisme, ou imitation de la forme du support. Exemple : le Phasme.
• L'homotypie, ou immobilité complète. Exemple : le Phasme ou la Feuille-morte du chêne.
Les trois techniques peuvent bien sûr être employés conjointement, comme dans le cas du Phasme ou de la Feuille morte du chêne. Il faut préciser que toutes ces techniques de camouflage peuvent être utilisées à des fins défensives comme offensives. En effet, dans les trois cas précédents, il s'agissait pour ces insectes de se fondre dans l'environnement afin éviter d'être dévoré par un oiseau insectivore. Mais on peut aussi se dissimuler en attendant le passage d'une proie. Ainsi, «l'araignée-crabe jaune-vif» (Misumena vatia), se fond à tel point dans les pétales jaunes des fleurs que les insectes de passage ne se méfient pas et se laissent prendre aisément. L'araignée est visible - à peine - au milieu de la photo. Mais la malheureuse guêpe, elle, ne l'avait pas vue !
Le camouflage est donc la technique de base du mimétisme. Nous verrons dans cet article que d'autres techniques de mimétisme existent, plus élaborées, qui ne font pas forcément appel à la dissimulation, bien au contraire…
Voir aussi : La suite de cet article est par ici...
Photos
© Antiopa sauf :
4 - Olaf Leillinger CC-BY-SA
Réponse : en évitant d'être mangé ou en mangeant l'autre.
Pour y arriver, il faut : se cacher, faire peur au prédateur ou au contraire attirer les proies.
Les différentes techniques de mimétisme utilisées par les insectes • Le camouflage C'est la technique la plus simple : l'animal cherche à imiter les formes et les couleurs du milieu environnant. Sur cette photo, on peut voir au premier regard une feuille de chêne tombée à terre. Et pourtant... C'est un papillon, nommé à juste titre «feuille morte du chêne» (Gastropacha quercifolia). L'insecte, dans ce cas, a imité minutieusement la forme, les couleurs, et jusqu'aux nervures de la feuille de chêne (ou de hêtre), afin de passer totalement inaperçu dans un sous-bois.
Le «Sylvandre» (Hyparchia fagi), est un grand papillon noir à bandes blanches sur le dessus, très commun en lisière des bois. Mais il n'est vraiment visible que lorsqu'il vole. Sur cette photo, il est aisé de reconnaître un papillon posé sur le tronc à droite.
Par contre, il faut être très attentif pour le distinguer plaqué à plat sur l'écorce à gauche. En effet, au repos, les papillons referment fréquemment leurs ailes l'une contre l'autre, et les dessins du dessous des ailes de cette espèce imitent à la perfection le décor tourmenté et les couleurs de l'écorce.
Il s'agit là du cas le plus simple de mimétisme, qui consiste à se fondre dans l'environnement jusqu'à devenir invisible, comme les militaires en tenue de camouflage. On utilise pour cela plusieurs techniques :
• L'homochromie, ou imitation de la couleur. Exemple : la sauterelle verte dans l'herbe.
• L'homomorphisme, ou imitation de la forme du support. Exemple : le Phasme.
• L'homotypie, ou immobilité complète. Exemple : le Phasme ou la Feuille-morte du chêne.
Les trois techniques peuvent bien sûr être employés conjointement, comme dans le cas du Phasme ou de la Feuille morte du chêne. Il faut préciser que toutes ces techniques de camouflage peuvent être utilisées à des fins défensives comme offensives. En effet, dans les trois cas précédents, il s'agissait pour ces insectes de se fondre dans l'environnement afin éviter d'être dévoré par un oiseau insectivore. Mais on peut aussi se dissimuler en attendant le passage d'une proie. Ainsi, «l'araignée-crabe jaune-vif» (Misumena vatia), se fond à tel point dans les pétales jaunes des fleurs que les insectes de passage ne se méfient pas et se laissent prendre aisément. L'araignée est visible - à peine - au milieu de la photo. Mais la malheureuse guêpe, elle, ne l'avait pas vue !
Le camouflage est donc la technique de base du mimétisme. Nous verrons dans cet article que d'autres techniques de mimétisme existent, plus élaborées, qui ne font pas forcément appel à la dissimulation, bien au contraire…
Voir aussi : La suite de cet article est par ici...
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© Antiopa sauf :
4 - Olaf Leillinger CC-BY-SA
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